La réalité du quotidien de la vie d’éleveur félin
Aujourd'hui on va parler d'un sujet qui fâche, ces phrases que l'on entend souvent quand on est éleveur.
Les éleveurs se font du fric/de l'argent sur le dos de leurs animaux … il suffit de mettre deux chats dans la même pièce et attendre deux mois
Beaucoup semble penser que quand un chat/chaton est vendu entre 1200 et 1500 euros en compagnie, c'est la somme que l'éleveur se met dans les poches.
Le monde des bisounours est mignon mais la réalité est tout autre.
Pour que vous ayez un petit chaton mignon bien dans leurs pattounes, il a fallu passer une formation (environ 490 euros), payer son affixe (180 euros) acheter une femelle et un mâle se rapprochant le plus du standard de la race (entre euros à plus de 4000 euros en fonction des lignées, des couleurs rares, du standard, des titres en expo, des tests effectués... ) ou du moins payer une saillie allant de 400 à plus de 700 euros, il a ensuite fallu faire les tests sur ces chats (ADN + groupe sanguin, échos, fiv/felv..) avant de les mettre en repro .
Acheter le nécessaire pour pouvoir les entretenir dans de bonnes conditions (panier, gamelles, litières, griffoirs, jouets, brosse, alimentation...), se mettre aux normes aux niveau de la Ddpp en créant et aménageant les pièces obligatoires quand on fait plus d'une portée par an.
En période de chaleur, on subit les vocalises des femelles, et du/des mâle(s) de jour comme de nuit, les marquages de certaines femelles ou les marquages du mâle. On accepte de sacrifier nos canapés, nos bibelots, nos plantes... pour vivre avec nos animaux.
Vient ensuite le moment de faire une portée, on augmente la ration de nourriture de maman, on la complémente, on achète le nécessaire pour la mise bas (tapis chauffant, thermomètre, balance, serviettes, biberon, ciseau, pince à clamper, lait maternisé, Tonivit, wombyl, désinfectant, gants, alèses, mouche bébé, parc chaton...), il y a ensuite le suivi gestation (echo et/ou radio, tout dépend de comment la gestation se passe), on chouchoute la maman jusqu'au moment où la mise bas approche,
Pour ma part je dors auprès de mes filles une semaine avant avant la date présumée de mise bas pour la rassurer et l'assister
Puis arrive le moment d'aider maman si elle est en difficulté pour : ouvrir les placentas, couper les cordons, aspirer les chatons (parfois même avec la bouche quand les bébés sont en difficultés respiratoire et qu'il faut agir vite), nettoyer les sécrétions qui obstruent les voies respiratoires, réanimer un chaton, les sécher, aller dégager un bébé bloqué et j'en passe. Un ascenseur émotionnel qui donne le vertige mais il faut garder la tête froide et ne pas paniquer pour ne pas stresser la maman et pouvoir agir au mieux.
Ensuite en fonction des poids, du nombre de chatons, il est parfois nécessaire de biberonner des chatons, alors on se lève toutes les 2/3h pour biberonner ces petits êtres dont la vie ne dépend que de nous, on dort auprès de la maman et des chatons pour être sûr que maman n'écrase personne, que tout le monde se porte bien et biberonner si nécessaire, remettre régulièrement les plus faibles aux tétines, autant vous dire que les premières semaines je dors très peu. Puis on pèse ce petit monde 2 fois / jour car la première semaine de vie est la plus critique jusqu'au passage de l'alimentation solide.
Je vous épargne la partie des soucis qu'il peut y avoir avant et après mise bas (césarienne, contrôle régulier des cœurs des bébés car la date de mise bas est dépassé depuis un moment, constipation sévère de la maman ou inversement,
Vient ensuite le moment de déclarer la portée, on paie la DSN (15euros /chaton) puis on fait la demande de pedigree (35 euros / chaton), ce petit monde grandit bien, je précise que je passe toute mes journées avec mes chats/chatons. Les petits grandissent et commence à faire leur besoin partout, on passe donc notre temps à nettoyer en tant normal mais avec des chatons ça devient encore plus sport, puis on commence le sevrage à 4 semaines (savez vous combien consomme de nourritures des chatons affamés qui ont nourriture à volonté jusqu'à leur 3/4 mois ?)
Il faut ensuite faire plusieurs aller/retour chez le veto pour les faire vacciner (primo + rappel), pucer, vermifuger, stériliser/castrer (chez moi du moins) , certificat de bonne santé de tout ce petit monde, je vous épargne également les rdv vetos pour un coup de patte dans l'œil, une mauvaise chute du griffoir, un point de stérilisation qui saute ou faut débourser 500 ou 600 euros en urgence pour sauver un chaton ou la maman suite à une complication, les réactions vaccinales qui occasionnent des réactions comme des coryza, conjonctivites, car la encore ce n'est qu'un petit détail de ce que vit un éleveur au quotidien.
Je passe de nombreuses heures à gérer mes supports sur le réseaux sociaux , les annonces de vente (que je paye également), les nombreux messages pour l'adoption des bébés, à sélectionner au mieux la/les famille(s) qui pourrai(en)t correspondre au(x) chaton(s), au téléphone, par message, à remplir les contrats de réservation et de vente, à faire des photos des loulous et envoyer aux futurs adoptants.
Ensuite il faut payer la MSA, le médiateur, les impôts, assurances, comptable, TVA ...
Je n'ai pas de vacances, pas de week end, je consacre ma vie à ma passion et si j'en écoute certain je devrais faire cela gratuitement ? Ou bien brader mes chatons car certains trouvent les prix beaucoup trop chers ? Tout travail mérite salaire, mais mon 'travail' de sélection, de sociabilisation, de santé, de consanguinité, mes heures passées à faire en sorte que vous ayez des chats biens dans leur pattounes ne mérite donc pas que l'on puisse dégager un peu d'argent pour au minimum contribuer à faire vivre sa chatterie ? Sachez que les sous qui rentrent sont sur le compte de ma société et sert à faire tourner la chatterie et améliorer les équipements et le confort de mes chats mais qu'en aucun cas ils ne me permettent de vivre la grande vie;
Je ne peux donc pas me permettre de brader mes chatons. Avant de comparer les prix, comparez les prestations qui ont été fournies et n'oubliez pas que d'une région à une autre les vétérinaires ne pratiquent pas du tout les mêmes prix.
Et avant d'attaquer un éleveur gratuitement et de l’insulter mettez ses chaussures, parcourez son chemin et ensuite vous pourrez oser dénigrer son travail.
Voilà… vous savez tous sur notre beau métier, un métier de passion ou l’on ne compte ni ses heures ni son investissement personnel et financier
Belle journée à tous.